« Nous vendons une diversité de plants, mais avant tout des jardins et leurs bienfaits » Elfi et Ola

Le Jardin d’Elfi et Ola, c’est le beau succès d’une pépinière née de l’amitié et de valeurs partagées. Entretien. 

Quels ont été vos choix ?

C’est au commencement une histoire d’amitié, qui a débuté il y a 10 ans. Années après années, nous avons construit, ensemble, un solide socle de valeurs partagées et l’idée d’un projet de vie commun. En 2019, nous avons eu l’opportunité de reprendre ensemble une pépinière, nous n’avons alors pas hésité à nous lancer dans l’aventure toutes les deux. Nous voulions travailler autour de l’agriculture et de l’alimentation, en tant que leviers aux changements, en étant particulièrement concernées par les sujets liés à la santé, au lien à la nature et à la solidarité humaine.
Au sein de ce projet, nous avons compris que nous ne voulions pas être agricultrices à plein temps. Nous souhaitions avoir la possibilité de prendre du recul sur notre activité, sur nous-mêmes, nourrir intellectuellement notre projet, lui permettre d’aller vers de nouveaux objectifs, d’ouvrir d’autres dimensions. Nous voulions pouvoir, grâce à un rythme saisonnier, continuer à nous former, à voyager, à avoir du temps pour nos amis et notre famille, rester ouvertes au reste du monde … C’est pourquoi nous avons fait le choix d’une pépinière printanière, nous permettant en basse saison (pendant l’été et l’automne) d’avoir un planning allégé. Tandis que pendant la haute saison de production et de vente (de janvier à juin), nous sommes présentes tous les jours à la pépinière pour soigner nos petits protégés.

Leurs parcours

En 2017, Elfi a passé son diplôme de BPREA maraîchage bio à Carpentras. Elle a réalisé son stage à la Ferme le Borie (Pernes-les-Fontaines, 84) chez Frédéric Deloule, où la pépinière est aujourd’hui installée. A la suite de son expérience, et comme tombée amoureuse du Vaucluse et du beau réseau qui commençait à se tisser solidement, elle a continué à faire des expériences en woofing dans la région. C’est ainsi qu’elle a fait la connaissance de Félix Droin (Le jardin de nos grand-mères à Venasque). C’est Félix qui leur a légué un savoir-faire et une première expérience de pépinière. « Felix et Frédéric ont été nos mentors et soutiens au quotidien quand on s’est lancées, et pour ça, nous leur sommes extrêmement reconnaissantes ! »
Ola, de son côté, est une gestionnaire de formation. Concernée par les sujets liés à l’agriculture durable et à l’alimentation locale, elle s’est reconvertie en 2017 et a passé un diplôme en Géographie de l’environnement.
Ce sont leurs compétences complémentaires et les belles rencontres sur leurs chemins qui leur ont permis de se lancer dans ce projet, confiantes, optimistes et bien entourées. « Le réseau, c’est une des clés de la réussite de notre projet ».

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Et aujourd’hui ?

Nous sommes installées sur la Ferme le Borie. Nous travaillons sur 1 ha, avec comme outil de travail 800m² de serres où nous produisons plus de 30 000 plants par an. Nous y avons créé un espace d’accueil et de vente ouvert de fin mars à début juin les mardis et vendredis après-midi. Nous nous déplaçons aussi sur des foires aux plantes en région PACA. Depuis 2020, nous fournissons également des plants aux professionnels. Nous proposons un choix de plus de 300 variétés rares et anciennes de plants potagers, aromatiques floraux et plantes bienfaitrices. Nous nous fournissons uniquement en graines reproductibles.
Lorsque nous nous sommes lancées, nous n’avions pas imaginé la demande et la notoriété que rencontrerait notre production de plants. Le bouche à oreille a été notre meilleure pub, et nous avons vu très vite beaucoup de jardiniers se déplacer chez nous pour venir nous rencontrer et dénicher des plants bio issus de semences paysannes reproductibles. Les clients ont été ravis de trouver chez nous ce large choix de variétés et de se laisser surprendre par la diversité.
En parallèle, dans le contexte difficile de la crise Covid et des confinements, se déplacer chez nous faisait du bien aux gens pour prendre l’air, se reconnecter à la terre, aux plaisirs simples de la vie, avoir le temps enfin de faire le potager qu’ils avaient toujours rêvé de cultiver. Finalement, notre pépinière a joué un rôle “thérapeutique” et on a été heureuses de pouvoir répondre à ce besoin.

Des perspectives ?

Au terme de notre deuxième saison à Pernes, nous continuons à affiner notre calendrier de culture, nous réfléchissons à développer un axe pédagogique avec des visites scolaires et de sensibilisation et nous prévoyons la création d’un jardin potager exposant nos 300 variétés. Chaque année, nous prenons aussi toujours énormément plaisir à dénicher de nouvelles variétés, encore plus originales, et à œuvrer en faveur de la conservation des variétés traditionnelles. Pour nous, la vente de plants est un moyen de donner aux gens la chance de créer un jardin, un espace invitant la biodiversité à s’installer et de permettre aux jardiniers de profiter des saveurs, senteurs, couleurs, bienfaits, du spectacle de la foisonnante diversité de notre nature !
Nous envisageons également, à plus long terme, de nous former à l’herboristerie, à l’usage thérapeutique des plantes, pour aider les gens à vivre au quotidien la belle synergie qui existe entre les plantes et nous. Le projet que nous poursuivons, c’est un jardin à la fois utile, nourricier, médicinal, esthétique, un lieu de loisir et de plaisir, gardien de notre santé et de celle de la terre.

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Entretien : François Diot
Portrait : Patrick Eté

Ces portraits sont réalisés dans le cadre d’un projet visant à rendre visible et faire (re)-connaitre le dispositif Mosagri de test d’activité agricole, le statut d’entrepreneurs agricoles, particulièrement en milieu rural et qui pérennise leur activité comme entrepreneurs salariés associés.

Nous remercions la Fondation AG2R La Mondiale qui co-finance ce projet.